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Censure. En vingt-quatre heures, le terme s’est imposé dans le débat public italien. En cause, la déprogrammation, samedi 20 avril, par l’audiovisuel public d’un discours du célèbre écrivain Antonio Scurati sur les liens, selon lui jamais rompus, de la famille politique de la présidente du conseil, Giorgia Meloni, avec la tradition fasciste. Le texte devait être lu sur le plateau de l’émission « Chesarà… » de la chaîne RAI 3, dans la perspective des commémorations du 25 avril 1945, date anniversaire de la libération de l’Italie de l’occupant nazi et de ses alliés issus du régime de Benito Mussolini.
Annulée pour « raisons éditoriales », selon des documents internes de la RAI publiés dans la presse italienne, l’intervention de M. Scurati devait dénoncer l’incapacité de la droite au pouvoir à se rallier au socle antifasciste sur lequel a été fondée la République italienne.
Répondant à la polémique face à une opposition unie dans la même indignation, Mme Meloni a publié in extenso le texte de l’écrivain sur sa page Facebook, récusant toute tentative de censure. Elle a également mis l’annulation du discours de M. Scurati sur le compte de considérations financières, liées au montant trop élevé de la compensation demandée par celui-ci, tout en déclarant ne pas connaître la vérité sur le fond de l’affaire.
« Empêcher une dérive »
Antonio Scurati est l’auteur d’une série de romans sur Benito Mussolini, traduits dans le monde entier. Il a également publié en novembre 2023 un ouvrage sur la continuité entre le fascisme historique et le populisme contemporain (Fascismo e populismo, Bompiani, non traduit).
« Ce gouvernement continue à vouloir réécrire l’histoire et à imposer son hégémonie au pays par la force et le levier de la politique, dénonce-t-il, interrogé par Le Monde. Cette affaire révèle que sa conception du pouvoir n’est pas exactement dictatoriale, mais qu’elle est bel et bien autoritaire, visant à mettre en place une démocratie illibérale à la Orban, qui est la négation de la démocratie véritable », poursuit l’écrivain, en référence au premier ministre hongrois, Viktor Orban. L’écrivain se félicite toutefois des soutiens reçus par le monde intellectuel, de nombreux journalistes et une large partie de la société civile, signe, selon lui, que « l’Italie a la force d’empêcher une dérive vers ce régime autoritaire ».
Le mouvement dont est issue Giorgia Meloni perçoit la mémoire de la Résistance telle qu’elle est célébrée le 25 avril comme relevant d’une « hégémonie culturelle » de gauche qui l’aurait maintenue aux marges du monde politique et dont elle exprime, à travers ses discours, une certaine volonté de revanche.
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Le Monde